La Pelade est la cause d’alopécie en plaques la plus fréquente, tant chez l’homme que chez l’enfant (1,7% des individus en seraient atteints au cours de leur vie). Elle peut de manière rarissime être présente à la naissance, sous forme décalvante ; les publications relatant des pelades en plaques congénitales restent douteuses. La pelade est, pour la plupart des auteurs, une pathologie d’origine auto-immune apparaissant sur un terrain génétiquement prédisposé. La prévalence d’autres pathologies auto-immunes est augmentée (thyroïdite de Hashimoto, vitiligo, connectivites, maladie coeliaque, etc).

Les plaques sont généralement totalement gabres mais les orifices pilaires sont visibles ; elles s’étendent de manière centrifuge et peuvent affecter tout le cuir chevelu (pelade décalvante totale), voire tout le corps (pelade universelle). Elles peuvent apparaître en n’importe quel point du tégument mais certaines formes cliniques de pelade en plaques sont individualisées :

  • La pelade ophiasique débute dans la région occipitale pour s’étendre au-dessus des oreilles et peut ne laisser présente qu’une bande de cheveux au sommet du crâne ;
  • La pelade sisaïpho est son inverse : une couronne de cheveux persiste ;
  • La pelade en forme d’alopécie androgénétique se rapproche de la forme ophiasique mais l’atteinte se situe principalement sur les golfes fronto-temporaux.

Des examens complémentaires sont rarement nécessaires. Une biopsie montrerait un infiltrat lymphocytaire en essaim d’abeilles autour des bulbes pilaires. Un bilan biologique visant à rechercher une thyroïdite n’a pas de justification systématique.

L’évolution de la pelade est variable et souvent imprévisible. Un épisode de pelade de plaques s’arrête lui-même dans la plupart des cas : 60% des pelades en plaques touchant une surface inférieure à 40% de la surface du crâne repoussent spontanément et totalement dans un délai de 6 mois. Cependant les plaques peuvent parfois s’étendre pour évoluer vers une pelade décalvante et les épisodes de pelade peuvent se succéder. Sur un terrain prédisposé à cette pathologie, la récidive d’épisodes alopéciques est fréquente au cours de la vie, en particulier si une pelade étendue est survenue durant l’enfance.

Comme dans toute pathologie immunologique, les facteurs psychologiques entrent en ligne de compte, notamment dans la survenue du premier épisode. Les pateints doivent cependant être rassurés sur l’origine organique de leur alopécie, dont ils ne sont pas les « coupables-responsables ». Le retentissement psychologique de cette affection est lourd et la prise en charge par le médecin se doit d’être attentive et explicative.

Le traitement dépend de l’ancienneté et de l’étendue de la pelade. En ce qui concerne la pelade en plaques, c’est-à-dire non décalvante, le traitement peut faire appel aux corticoïdes sous forme topique (niveau 1 et 2) ou aux corticoïdes injectés in situ (par exemple, l’acétonide de triamcinolone, Kenacort Retard, dilué entre 5 et 10mg/ml, dans de l’eau pour préparations injectables). L’anthraline (dianthranol) est un autre traitement fréquemment employé ;elle est appliquée en contact bref de 15 minutes à une dilution située entre 0,5 et 3% dans un excipient gras mais rinçable. Enfin -et dans ce cas, il est souvent associé aux traitements précédents pour stimuler la repousse-, on peut utiliser le monoxidil à 5%. Si la pelade est étendue (>30% de la surface du crâne) et en l’absnece de contre-indication, une PUVAthérapie peut être envisagée chez l’adulte (mais la rechute est fréquente à l’arrêt du traitement). Les études concernant l’UVBthérapie sont encore plus modestes pour conclure. Chez l’adulte aussi, une immunothérapie de contact (diphencyprone, acide squarique dibutylester) peut être proposée en cas d’échec des précédents traitements ; ce traitement n’est réalisé que dans quelques centres spécialisés. Dans le cas particulier d’un premier épisode de pelade récente et très extensive se discute un traitement par bolus de méthylprednisolone (Solu-Médrol) pour en bloquer l’évolution. Son effet est moins délétère qu’une corticothérapie orale classique ;

Dans certains cas, une psychothérapie associée au traitement peut se justifier, selon le terrain du patient et le retentissement de l’alopécie.

Parfois une abstention thérapeutique temporaire peut être proposée : épisodes répétés (pelade « en ébullition »), absence de demande thérapeutique.

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